Immobilier : L’évolution d’un marché en ébullition

Prix en augmentation, volumes de ventes records : rien de différent pour le marché de l’immobilier français. Les prix immobiliers montrent cependant que le marché est en pleine révolution. La crise sanitaire a changé l’apparence de la demande et cet épiphénomène apparait désormais comme une tendance durable.

Le dynamisme du marché n’a pas faibli malgré les différentes vagues de Covid. En effet, 1 130 000 transactions dans l’ancien ont été enregistrées par les notaires de France (sur les 12 derniers mois à fin mai 2021). Sur l’ensemble du territoire français les indicateurs sont au vert, d’après les indices Meilleurs Agents « les Echos ».
Cependant, pour le directeur scientifique de Meilleurs Agents, Thomas Lefebvre, « c'est une nouvelle histoire qui se dessine derrière la forme insolente du marché immobilier. Depuis dix ans, les prix sont tirés vers le haut par les appartements des grandes villes derrière la locomotive parisienne. Désormais ce sont les périphéries et les maisons qui entretiennent les hausses. » D’après lui, ce phénomène motivé au début par les différents confinements, devient désormais une tendance de fond.

Paris décroche

Les prix parisiens ont encore baissé de 0.1% au moins de juillet (soit une baisse de 0.4% sur 2 mois). Cela ne signifie pourtant pas que le marché de l’immobilier de la capitale soit en crise. Il demeure actif et dynamique, beaucoup moins cependant que celui de sa périphérie. « Dans le 92, les prix des maisons ont augmenté en un an de 6,5 %. Sur la même période, les prix des appartements parisiens ont baissé de 2,5 %, soit une différence de huit points ! », explique Thomas Lefebvre.

D’autres métropoles vivent ce mouvement migratoire. Mais seuls Montpellier et Paris présentent des baisses de prix, alors que toutes les autres présentes des hausses.
En plus de la dynamique économique des certaines métropoles, le pouvoir d’achat est aussi une explication. Là où les prix sont élevés, les acquéreurs commencent à atteindre leurs limites (par exemple, Bordeaux, Lyon ou encore Nice).

« À ce jour, certaines villes comme Bordeaux ou Lyon commencent à rechercher les acheteurs... Mais à Rouen ou Reims, qui ne sont qu'à une heure de Paris, le besoin de plus d'espace né des périodes de confinement alimente toujours une activité soutenue », affirment les notaires sur le site Immonot.com.

Strasbourg nouvelle star

A Strasbourg où les prix ont augmenté d’environ 10 % en un an, l’élan y est particulièrement favorable. Strasbourg profite d’une situation géographique idéale au cœur de l’Europe.
« C'est un carrefour avec l'Allemagne à seulement 1 h 50 en TGV de Paris, justifie Thomas Lefebvre. La ville abrite les institutions européennes et grâce à d'ambitieux programmes de réhabilitation de quartiers industriels, elle a su attirer de nouveaux sièges sociaux comme ceux de Puma ou d'Adidas. Il y a maintenant un Grand Strasbourg, comme il y a un Grand Paris. Et malgré la hausse, les prix restent accessibles. Il y a donc une carte à jouer à Strasbourg », affirme-t-il.

Quelques ombres au tableau

En dépit des exceptions, la tendance demeure mitigée dans les gros centres urbains. « La rentrée laisse augurer quelques failles dans les grandes agglomérations. Avec une santé fragilisée par la crise sanitaire, l'immobilier des villes doit imposer une petite cure d'amaigrissement à ses prix pour rebondir », affirment les notaires sur immonot.com. Les notaires appréhendent un détournement du marché immobilier de la part des intervenants au profit des placements financier.
Deux variables sont à surveiller. Tout d’abord la crise sanitaire risque d’impacter le marché immobilier. Ainsi que les conditions d’accès au crédit qui sont le nerf principal du marché. « Il ne faudrait pas que le marché se bloque du côté des primo accédants qui représentent traditionnellement environ un tiers du marché », prévient Thomas Lefebvre.

Source : Les Echos